Portrait de Cathy Wong | Mois du Patrimoine asiatique

20 May 2022

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La passion pour l’engagement m’a toujours habitée et j’ai toujours voulu œuvrer dans le milieu communautaire parce que c’est là que je sentais qu’il y avait un impact à avoir sur différents enjeux sociaux. J’ai voulu m’impliquer en politique parce que, justement, j’avais envie de participer à la vision d’une ville. Mais c’est sûr que la question de la diversité s’est imposée malgré elle dans mon parcours, parce que souvent je me retrouvais dans des situations où j’étais la seule personne issue des communautés culturelles. J’ai eu malgré moi à porter ces différents chapeaux-là, à devoir porter cette responsabilité-là - qui est très lourde, très grande.


Étant femme également, je suis aussi très sensible à la cause du féminisme. Je suis devenue extrêmement active dans le milieu féministe en étant à la présidence du conseil des montréalaises. Pour moi, l'analyse intersectionnelle, lorsque j’étais à la présidence du conseil des Montréalaises, a été au cœur du travail que je faisais. Pour moi, le féminisme ne peut pas exister de façon isolée, sans aborder les questions intersectionnelles.


Ayant grandi dans une famille immigrante, réfugiée, dans une ville avec une identité minoritaire, je pense que les questions de la diversité sont arrivées à moi, et j’ai rapidement voulu jouer un rôle de trait d’union. Parce que j’ai rapidement senti que c’est de ça dont avait besoin pour dédramatiser, pour expliquer, pour vulgariser, pour aussi tendre la main au sein de ma propre communauté : pour bâtir plus de ponts. Alors, comme beaucoup d’enfants d’immigrants, ce rôle-là, je l’ai commencé dans mon enfance et ça s’est continué de façon professionnelle, j’imagine. Ce sont des compétences que j’ai développées à l’âge de 5 ans!


Il y a eu une grande progression dans la représentation aux dernières élections dans des postes de décisions. Ce qui a beaucoup amené un shift dans la dernière année et demi, c’est tout ce qui a tourné autour de la lutte antiraciste que les asiatiques ont mené, tout le mouvement contre la haine envers les asiatiques, qui à un moment donné, a vraiment libéré la parole, donné un espace aux personnes asiatiques pour occuper un rôle. Ça nous a permis, entre Montréalais·es d’origine asiatique, de nous solidariser, d’apprendre à nous connaître. On ne se connaissait même pas parce qu’on évoluait dans des milieux différents, qui n’étaient pas toujours des milieux militants ou liés à l’équité diversité et inclusion ou de la revendication… Ça nous a permis de découvrir qu’on était pas seul·es à vivre cette réalité là et de consolider nos réseaux d’entraide. Donc, dans la dernière année et demie, il y a eu beaucoup de progression dans la solidarisation des communautés asiatiques à Montréal mais aussi partout en Amérique du Nord. Le souhait que j’ai c’est que cette mobilisation s’exprime en représentation politique, et qu’on voit davantage de personnes d’origine asiatique vouloir faire le saut en politique, se présenter, et vouloir, au-delà de la revendication, contribuer à bâtir une vision politique sociale et participer à l’élaboration de ces politiques-là au sein de nos villes.


Tout le parcours du quartier chinois, sa reconnaissance comme lieu patrimonial, on le voit comme un succès. Pour moi, tout succès social est le résultat d’une mobilisation citoyenne avant tout, mais il faut aussi s’assurer qu’il y a les bonnes personnes au pouvoir pour porter ces dossiers. Pour moi, il y avait non seulement une personne chinoise dans l’administration mais aussi plusieurs personnes qui étaient très sensibles aux réalités de la communauté chinoise, à commencer par le conseiller de ville du Quartier Chinois, Robert Beaudry. Robert pour moi a été un allié incontournable dans tout ce qu’on a fait pour le quartier chinois, et c’est même un de ceux qui a initié ce travail-là. Robert est pour moi un des plus grands conseillers de ville que le quartier chinois aurait pu avoir, parce qu’il a tellement bien mené le dossier du quartier chinois. Il a su rallier les partenaires, les organismes communautaires, les restaurants, les commerces, les familles, etc, autour d’un dialogue sur le quartier chinois qui a démarré bien avant la lutte contre le racisme anti-asiatique, bien avant la pandémie.


Historiquement, les différentes communautés chinoises ont été divisées sur certains enjeux dans le quartier chinois. Et ce qui était beau à voir dans ce projet là c’était cette solidarité là, cette unanimité là dans la vision qu’on devait avoir pour le quartier chinois. C’était beau de voir la capacité du quartier chinois de s’exprimer d’une seule voix.


J’ai beaucoup appris dans mon rôle au comité exécutif de la ville de Montréal, en lien avec la lutte contre le racisme, en lien avec l’inclusion. Ce sont des choses qui me permettent aujourd’hui de regarder d’autres milieux et d’y apporter des analyses en équité, diversité et inclusion et de proposer des solutions. La ville, parmi plein d’autres institutions, cherche à devenir plus inclusive et plus équitable, et pour moi, c’est intéressant de faire ça dans un autre domaine, qu'est celui de l’industrie audiovisuelle au Canada, où les défis au niveau de la représentativité sont aussi grands.


Je n’avais jamais vu quelqu’un qui me ressemblait dans un rôle décisionnel à Montréal ou au Québec. À l’écran c’est la même chose: pour pouvoir aspirer à faire un carrière en culture ou dans l’audiovisuel, il faut commencer par s’y voir. J’ai une petite fille qui est née pendant la pandémie, et j’aspire à ce qu’elle puisse grandir avec une télévision davantage représentative et davantage respectueuse dans la façon dont on est représentés. C’est pas seulement la présence dans nos écrans qui est importante, c’est aussi de sortir des clichés, sortir des stéréotypes, de pouvoir être vus comme des humains, comme des mamans mais aussi comme des politiciennes.